Chypre n’existe pas, selon le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
Le quotidien chypriote turc Kibris rapporte dans son édition datée du 10 novembre 2013 que le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan a prétendu qu'il n'y a pas de pays nommé Chypre.
En effet, toujours selon le journal, répondant à des questions après une conférence sur les relations entre la Turquie et l’Union européenne, lors de sa visite en Pologne, Erdogan a déclaré que le « sud de Chypre, l’administration grecque », comme il qualifie les régions libres de la République de Chypre, avait été admis dans l'UE uniquement pour des raisons politiques.
Monsieur Erdogan a tenté d'expliquer son point de vue en disant que « l’UE a accepté le sud de l’île sous la dénomination République de Chypre », faisant abstraction de l’existence de la soi-disant « République Turque du Nord de Chypre ». Le Premier ministre turc oublie que son pays occupe illégalement depuis presque 40 ans maintenant, le nord de Chypre et que la Turquie est le créateur de cette entité illégale installée et maintenue par ses soins et ses armées dans le territoire de Chypre qu’elle occupe.
D’autre part, il est incompréhensible pour ne...
L’Union européenne, comme l’ensemble de la communauté internationale exceptée la Turquie ne reconnaissent qu’un Etat à Chypre, la République de Chypre, couvrant l’ensemble du territoire de l’île de Chypre. Je rappelle également que l’Union européenne a accepté en son sein la République de Chypre dans son ensemble. Le Traité d’adhésion prévoit tout simplement la suspension de l’application de l’acquis communautaire dans la partie occupée, qui se trouve actuellement en dehors du contrôle effectif du Gouvernement de la République de Chypre.
Au lieu de s’en prendre à Chypre et essayer de justifier les résultats de son invasion et de son occupation continue de Chypre, la Turquie devrait, à mon sens, se réformer afin de se conformer à l’acquis communautaire et aux pratiques de l’Union. Je considère, pour ma part, que l’UE est avant tout, un espace de liberté, basée sur les valeurs démocratiques, les droits de l’homme et l’Etat de droit. Dans cet espace les droits des minorités, les droits des femmes et la liberté religieuse sont reconnus et respectés. Je ne suis pas certain que ce soit le cas en Turquie.
Par ailleurs, comme je disais un peu plus haut, celui qui souhaite faire partie d’un ensemble doit, en principe et en pratique, adopter les règles régissant cet ensemble et non pas vouloir imposer ses propres règles. En d’autres termes, la Turquie doit accepter et adopter l’acquis communautaire pour faire éventuellement partie de l’Union. Quelle que soit l’importance du candidat à l’adhésion, celui-ci doit se conformer aux règles et aux pratiques appliquées à l’ensemble des membres. Au contraire, l’impression que donne la Turquie dans ses relations avec l’Union européenne est qu’elle essaie d’imposer sa propre conception des valeurs et des principes. C’est-à-dire imposer ses vues, même à l’intérieur de cette entité bien que ne faisant pas partie de celle-ci.
La Turquie est, certes, un pays important, mais doit-on sacrifier tout l’acquis de l’Union pour rendre cette Union compatible à la Turquie ? La réponse est certainement non : l’acquis communautaire est à adopter dans son ensemble par le candidat ; il ne s’agit pas d’un bazar anatolien où on rentre et on choisit ce qui nous plait et on rejette le reste.
Les dernières décisions du gouvernement turc, qui ont conduit entre autres aux manifestations de cet été dans les grandes villes du pays, démontrent que Monsieur Erdogan n’est pas un farouche défenseur de la démocratie.
Enfin, le sort des négociations d’adhésion de la Turquie dépend fortement de la question chypriote et de sa solution. L’ouverture des négociations d’adhésion était conditionnée par certaines obligations et engagements turcs à l’égard de l’Union européenne dans son ensemble. Cela concernait en grande partie la situation à Chypre mais engageait l’ensemble de l’Union. La Turquie devait, entre autres, reconnaitre tous les Etats membres de l’Union, entretenir des relations de bon voisinage avec eux et appliquer l’accord douanier (protocole additionnel, dit protocole d’Ankara, incluant tous les nouveaux Etats membres de l’Union, dont Chypre).
Or, la Turquie refuse toujours de reconnaitre Chypre, membre à part entière de l’Union, continue à occuper une partie de son territoire, c'est-à-dire une partie du territoire européen, et refuse d’ouvrir ses ports et aéroports aux navires et avions chypriotes ainsi qu’au trafic en provenance de Chypre. De ce fait, huit chapitres de l’acquis communautaire ont été gelés par le Conseil européen en 2006, soit un an après le début des négociations d’adhésion.
Sur la question à proprement parler de la récente provocation de Monsieur Erdogan, le porte-parole du gouvernement chypriote Monsieur Christos Stylianides a pour sa part exprimé l’étonnement du gouvernement chypriote à propos de ces déclarations, qui questionnent l’identité étatique de Chypre, Etat membre de l’UE et ce, en plus, au moment même où des efforts sont entrepris pour recommencer les négociations pour la réunification de l’île. Au lieu de déclarations remettant en question la République de Chypre, le Premier ministre turc aurait dû faire preuve de bonne volonté et prouver que les déclarations répétées de la Turquie concernant sa volonté de résoudre rapidement le problème chypriote sont réelles, a-t-il précisé.
Charalambos Petinos
Historien / écrivain
Dernier ouvrage paru : « Où va la Turquie? Néo-ottomanisme et islamo-conservatisme », L’Harmattan, Paris, 2013
Η τουρκοκυπριακή εφημερίδα Kibris αναφέρεται στην έκδοσή της με ημερομηνία 10 Νοεμβρίου, σε δηλώσεις του Τούρκου Πρωθυπουργού Ερντογαν, σε διάσκεψη στην Πολωνία, ότι δεν υπάρχει Κράτος με το όνομα Κύπρος.
Ο Τούρκος Πρωθυπουργός προσπάθησε να αποδείξει περαιτέρω ότι λανθασμένα η Ευρωπαϊκή Ένωση δέχθηκε στους κόλπους της « το νότιο τμήμα της Κύπρο με την ονομασία Κύπρος », όπως χαρακτηριστικά αναφέρει.
O Τούρκος Πρωθυπουργός ξεχνά ότι η Κύπρος στο σύνολό της, είναι πλήρες μέλος της ΕΕ με όλα τα δικαιώματα και υποχρεώσεις που αυτό προσδίδει.
Αντί η τουρκική Κυβέρνηση να προσπαθήσει να εφαρμόσει τις αναγκαίες για εκδημοκρατικοποίηση νομοθεσίες και πολιτικές, προσπαθεί να επιβάλει τόσο στην ΕΕ όσο και σε άλλα διεθνή φόρα τις παράλογες και παράνομες πράξεις της στην Κύπρο και να διαιωνίσει τα αποτελέσματα της εισβολής και κατοχής.
Η Διεθνής κοινότητα έλαβε ξεκάθαρη θέση στο θέμα καταδικάζοντας την τουρκική εισβολή και κατοχή της Κύπρου.
Αναφορικά με αυτή καθεαυτή τη δήλωση του κ. Ερντογαν απάντησε στις 12 Νοεμβρίου2013, ο Κυβερνητικός Εκπρόσωπος της Κύπρου κ. Χρήστος Στυλιανίδης. Παρατίθεται στη συνέχεια η σχετική δήλωση :
« Προκαλούν έκπληξη και έντονο προβληματισμό οι δηλώσεις του Τούρκου Πρωθυπουργού κ. Ερντογάν σε σχέση με την Κυπριακή Δημοκρατία, ένα κράτος μέλος της ΕΕ, σε μια περίοδο διαβουλεύσεων για τη διαμόρφωση κοινής διακήρυξης με στόχο την επανέναρξη ουσιαστικού και με προοπτική κατάληξης διαλόγου για το Κυπριακό.
Αντί δηλώσεων αμφισβήτησης της Κυπριακής Δημοκρατίας, ο Τούρκος Πρωθυπουργός θα έπρεπε να επιδείκνυε καλή θέληση και να αποδείκνυε έμπρακτα ότι οι επανειλημμένες δηλώσεις από πλευράς Τουρκίας περί δήθεν σύντομης λύσης του Κυπριακού αντανακλούν πραγματικές προθέσεις.
Καθίσταται για άλλη μια φορά σαφές ότι η δεδηλωμένη θέση του Προέδρου της Δημοκρατίας, για την ανάγκη ώστε η κοινή διακήρυξη να καταγράφει ξεκάθαρα τις προϋποθέσεις που αφορούν τις βασικές αρχές λύσεις του Κυπριακού παραμένει η μόνη ασφαλιστική δικλείδα και εγγύηση, για να μην οδηγηθούμε σε αδιέξοδα και οι συνομιλίες που θα ξεκινήσουν να είναι ουσιαστικές και να έχουν προοπτική ».
Χαράλαμπος Πετεινός
Ιστορικός / Συγγραφέας
Τελευταίο βιβλίο : « Πού οδηγείται η Τουρκία; Νέο-οθωμανισμός και ισλαμο-συντηρητισμός , L’Harmattan, Παρίσι, 2013.